Théo nous parle de solidarité...
Théo travaille au sein du secrétariat d’Emmaüs Europe, à Montreuil près de Paris, et est l’un de nos interlocuteurs réguliers, à la Fondation. Il nous explique en quoi consiste son travail et nous parle d’Emmaüs à l’échelle européenne.
Bonjour Théo ! Peux-tu te présenter rapidement ?
J’ai 24 ans, j’ai suivi une formation d’ingénieur généraliste à Lille. Pendant mon école, je me suis vite investi dans une association de solidarité internationale, et c’est comme ça que j’ai souhaité travailler dans ce secteur par la suite. Je travaille à Emmaüs Europe depuis 1 an, en tant que responsable des solidarités.
Quel est le rôle du secrétariat d’Emmaüs Europe dans le mouvement Emmaüs ?
Le secrétariat d’Emmaüs Europe a pour but d’appuyer Emmaüs Europe, donc tout simplement l’ensemble des groupes européens, dans ses actions et sa vie interne. L’essentiel est donc de soutenir les groupes européens, notamment les nouveaux en création ou développement qui ont besoin de l’appui de groupes plus expérimentés ; les groupes qui souhaitent mener des actions à l’échelle européenne ; les groupes qui souhaitent échanger au sein du mouvement ; etc.
L’autre intérêt d’Emmaüs Europe est de construire une parole commune du mouvement au niveau européen, afin de faire du plaidoyer sur les thématiques sur lesquelles les groupes agissent au quotidien ; c’est donc également une mission du secrétariat d’appuyer Emmaüs Europe dans ce sens.
Quelles sont tes missions ?
Pour ma part, je travaille exclusivement sur l’animation interne d’Emmaüs Europe, pour
appuyer les groupes dans leurs actions de solidarité les uns envers les autres.
Ça passe donc par l’animation d’un programme de solidarité annuel qui permet aux groupes de
demander le soutien financier des autres groupes sur des actions ; un programme de
transports qui permet des soutiens matériels pour une meilleure répartition, car les contextes
de chaque groupe ne permettent pas à chacun de collecter autant de matériel ; le suivi des
salons de solidarité et des chantiers d’été qui sont autant d’espaces d’échange et de
solidarité ; et enfin l’organisation des collectifs géographiques européens, qui sont les
groupes de travail qui permettent d’échanger et d’organiser la solidarité en Europe.
Tu organises et participes aux Collectifs européens. Peux-tu expliquer ce que c’est ? A quelles problématiques répondent-ils ? Comment les vois-tu évoluer ?
Les collectifs géographiques européens sont des groupes de travail qui se réunissent avant d’organiser la solidarité en Europe. Il y en a trois, respectivement centrés sur les besoins
des groupes de Bosnie-Herzégovine, de Pologne et d’Ukraine, et de Roumanie.
Des représentants des groupes d’Europe qui le souhaitent se réunissent deux fois par an pour
discuter du développement des groupes, de leurs besoins de soutien et de la manière de se
coordonner pour réaliser ces soutiens, qu’ils soient financiers, matériels, techniques… Mais
surtout, ce sont d’importants moments de rencontre et d’échange, qui donnent tout son sens
et sa richesse à la solidarité au sein du mouvement.
Je ne suis là que depuis un an, il est donc difficile d’observer une vraie évolution. Par rapport à ce que j’ai compris des collectifs à leur création, il me semble que les groupes d’Europe de l’Est, qui était traditionnellement considérés comme les « aidés », sont aujourd’hui beaucoup plus moteurs de ces collectifs, appuient eux-mêmes de nouvelles structures dans leur création. La solidarité dont on parle ne va plus seulement, de façon caricaturale, de l’Ouest vers l’Est, mais est beaucoup portée par les groupes de l’Est eux-mêmes.
Toi qui as une vision globale, quelle est ta vision de l’évolution du Mouvement Emmaüs en Europe ? Comment est-il perçu ? Quelles avancées/difficultés constates-tu ?
Sans être moi-même directement impliqué dans le plaidoyer et les réseaux européens, il me semble qu’Emmaüs Europe y dispose d’une certaine reconnaissance.
L’association est membre de plusieurs grands réseaux qui travaillent sur les questions de pauvreté, de migrations, d’économie circulaire, etc. et l’expérience d’Emmaüs y est bienvenue car il s’agit d’exemples directs d’application sur le terrain des valeurs portées par ces réseaux. Ceci est très important pour nourrir le plaidoyer, afin qu’il repose sur des bases concrètes.
Dans l’autre sens, une des difficultés pour Emmaüs est justement de porter une parole commune des groupes et un véritable plaidoyer pour promouvoir nos alternatives et montrer toute la dimension politique de notre action ; c’est là que l’investissement dans ces réseaux est également enrichissant pour le mouvement. En effet, les actions de la fédération Emmaüs Europe sont avant tout tournées vers ses groupes et elle est peu connue du grand public.
Nous te remercions chaleureusement pour avoir pris le temps de nous répondre !