Portrait du mois : 4 Scouts au Belvédère (juillet août 2022)

Bonjour, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et vous présenter ?

Salomé : Nous sommes Scouts de France, nous sommes trois à venir du Puy en Velay (Haute-Loire, France) et une de Montpellier (Hérault, France). Moi je suis Salomé, j’ai 22 ans, je fais des études de pharmacie et je suis aux scouts depuis à peu près neuf ans.

Hélène : Moi c’est Hélène, de Montpellier, j’ai 24 ans, je suis éducatrice spécialisée et je suis dans le scoutisme depuis plus de dix ans.

Guillaume : Guillaume, […] je fais de l’agriculture urbaine à Lyon. Je suis aux scouts depuis mes 10 ans je crois.

Clémentine : Je m’appelle Clémentine, j’ai 22 ans, je suis en formation pour être éducatrice spécialisée et je suis dans le mouvement scout depuis une dizaine d’années aussi.

Quel était le projet en venant ici ?

Guillaume : […] On est tous chefs aux scouts et on a voulu se réunir […] pour monter un projet ensemble, comme on peut le faire aux scouts quand on a 18 ans […]. Nous, on était une grosse équipe et il s’est passé un an et demi de grosse réflexion, pendant laquelle on s’est retrouvés ensemble tous les deux mois pour monter le projet. […]

Hélène : On fait partie d’une branche Scout, on n’est pas partis sans rien, on a été formés, accompagnés pour partir en Roumanie.

Pourquoi avez-vous choisi la Roumanie et Emmaüs ?

Clémentine : Quand on s’est réunis, chacun a donné des idées de projets qu’il voulait vivre. Il y a eu beaucoup de projets qui se tournaient vers l’écologie, d’où le souhait de viser l’Europe parce que beaucoup de membres de l’équipe ne voulaient pas prendre l’avion. On a contacté les Chargés de Mission Projets Pays (CMPP), dans le cadre des Scouts de France, qui peuvent faire le lien avec des associations sur place. La CMPP de Roumanie […] nous a parlé d’Emmaüs […] et on s’est dit que ça réunissait un peu toutes les envies de chacun […].

Hélène : Aussi on était un groupe de 20 à la base et Leïla qui était notre interlocutrice pour Emmaüs Iasi était ok, donc c’est ça qui nous a arrêté sur Emmaüs […].

Guillaume : […] Mais l’idée, là, c’était de se dire “on part ensemble peu importe où l’on va”. […] On a vraiment réfléchi sur ce qu’on voulait que ce projet nous apporte personnellement, ce qu’on voulait transmettre aux autres scouts ensuite quand on reviendrait et c’est vrai que la Roumanie, les gens ne connaissent pas. C’était que du bonheur, on ne savait pas ce qu’on allait découvrir, on n’avait pas d’attente.

Quelles ont été vos missions ici ?

Salomé : On a eu plein de missions différentes, ça changeait tous les jours. On a pu participer au tri des vêtements sur le site du Belvédère et à Popesti aussi un petit peu, on a pu aussi trier de la vaisselle et décharger des camions de meubles qui après sont destinés au magasin, on a réparé des chaises… Au Belvédère, on a aussi fait des missions de maraîchage, où on a arrosé les poivrons, les tomates… À Popesti aussi, on a fait du maraîchage. Après, on a aussi pu rencontrer les compagnons, partager avec eux les repas et tout ça.

Hélène : On a fumé des saucissons aussi. En fait, on aide les compagnons dans les tâches du quotidien. […]

Salomé : On voulait laisser une trace de notre passage au Belvédère et on s’est dit qu’on allait peindre des dessins dans le conteneur aménagé […]…

Guillaume : … dans l’idée que ça puisse être continué […] C’est très simple, donc on peut rajouter sa petite contribution pour qu’à la fin ça fasse une belle et grande fresque.

Est-ce que vous connaissiez déjà tous Emmaüs en France ?

Guillaume : Emmaüs oui, mais pas les communautés comme ça.

Hélène : Moi si, je connais une communauté en particulier parce que j’ai fait un stage dans une ferme. On était beaucoup en lien avec une communauté Emmaüs […]

Clémentine : Moi je connaissais les magasins […] mais c’est vrai que je ne savais pas du tout comment ça se passait, quelles étaient les missions au sein des communautés donc c’était une belle découverte.

Et quel était votre rapport à Emmaüs en France, est-ce que vous alliez dans les magasins ?

Clémentine : Moi je suis une fervente adepte des magasins Emmaüs, j’y vais tous les mardis […]

Hélène : J’y allais aussi. Dans mon travail, on accompagnait là bas nos résidents qu’on accueillait et qui allaient s’installer […]

Guillaume : J’avoue que je suis un grand adepte des costumes et déguisements, c’est là où je trouve mes pépites pour me costumer.

Clémentine : […] C’est bien de voir l’arrière du décor, c’est pas juste des habits qui sont sur un cintre et des gens qui sont au magasin, derrière il y a toute une organisation et c’est super […] d’avoir pu y participer. 

Guillaume : Et c’est un peu naïf mais moi quand je donne des trucs à Emmaüs on se dit “tout va être réutilisé, pas de soucis quelqu’un s’en charge” […] Quand tu regardes l’envers du décor, tu te rends compte que tout n’est pas utilisé […]. Là, tu prends un peu de responsabilités. Ça c’était très important. 

Comment s’est passé votre accueil et la vie avec les compagnons ?

Clémentine : Que ce soit dès notre arrivée à la communauté à Iasi, au Belvédère ou à Popesti, on a toujours eu un superbe accueil, même si c’est vrai qu’il y avait souvent un peu cette barrière de la langue. On a senti beaucoup de bienveillance et surtout on sentait que ça leur faisait plaisir de nous accueillir, même s’ils en faisaient trop parfois.

Le lundi quand on est arrivés […] on nous a expliqué qu’on allait passer une première semaine au Belvédère […] Le week-end, on est parti à Popesti, on y est resté 4 jours et le mercredi on est revenu au Belvédère. […]

Salomé : Je reviens sur l’histoire de la barrière de la langue, nous on ne parle pas du tout roumain […] mais on s’est rendu compte que les compagnons mettaient vraiment du leur pour réussir à échanger avec nous. […]

Guillaume : Je voulais juste rajouter que c’est trop bien aussi de travailler avec les compagnons, ça facilite la rencontre […] Au Belvédère, il y a Costel qui habite là, il y a une belle relation je trouve qui s’installe et c’est chouette. Il y a aussi le côté […], où ils en font un petit peu trop, il faut aussi qu’on apprenne des fois à accepter d’être accueillis.

Clémentine : […] On remercie vraiment tout le monde, que ce soit les volontaires parce qu’elles nous ont mis super à l’aise, les responsables et les compagnons. […]

Guillaume : Aussi, […] on a trié pleins de choses à jeter, qui ont été directement brûlées. Nous, on ne voit pas ça en France, […] c’est brûlé de toute façon mais on ne le voit pas. […] On ne sait pas s’il y a des déchetteries en Roumanie, on ne sait pas comment c’est géré. […] On se disait que c’est paradoxal par rapport à ce que vous mettez en place sur le jardinage plutôt écolo ou les actions de donner une seconde vie aux objets. On n’est pas habitué à voir cet envers du décor.

Quels sont vos projets à la fin de votre mission, vous restez en Roumanie faire du tourisme ou autre ?

Hélène : […] Samedi, on part tous les quatre pour Cluj, on y passe le week-end. Lundi, Clémentine et Salomé prennent l’avion pour retourner en France et nous avec Guillaume on va rester quelques jours pour visiter […] la Roumanie et on rentre vendredi en bus.

Salomé : Après, en France, on va faire un retour de projet pour montrer à nos amis mais aussi […] aux jeunes scouts pour leur montrer qu’on peut partir, que c’est réalisable, qu’on vit pleins de choses incroyables sans partir non plus hyper loin […]. 

Hélène : Et avec un tout petit budget !

Clémentine : On nest pas venu en mode “quatre potes qui se disent tiens c’est chouette de partir en Roumanie dans un projet”. On part vraiment dans le cadre des Scouts et Guides de France. On tient aussi à remercier […] l’association Inima (Coeur en français), une association qui n’existe plus actuellement et qui nous a reversé ses dons. L’association emmenait des vêtements de France jusqu’en Roumanie […] et a été touchée par notre projet parce que c’était assez similaire. C’est grâce à eux qu’on a pu partir, donc on les remercie.

Quel a été pour chacun votre moment préféré?

Salomé : Le voyage en entier était incroyable […]. J’ai beaucoup aimé le dernier soir du weekend à Popesti, Andrei a mis de la musique et on s’est tous levé pour danser […]. On a passé un super moment, on a vu que les compagnons étaient trop contents et nous aussi.

Hélène : […] Je dirais les moments au Belvédère, quand les compagnons partent le soir, ces moments avec Costel où on se pose pour jouer de la guitare […] Hier, quand on peignait la fresque, il est venu s’asseoir à côté de nous […], et par les regards et les rires, on échangeait […]. Et arroser les poivrons le soir, la lumière était magnifique, c’était un moment magnifique.

Guillaume : Ca nous a fait du bien aussi au milieu du projet d’aller à un autre endroit, j’ai beaucoup aimé l’ambiance de Popesti, c’était très reposant. On était au quotidien avec les compagnons, même le soir donc on  a passé de longs moments à échanger à table. On parlait même si on ne se comprenait pas forcément. Les jeux aussi, c’était important.

Clémentine : Le premier jour où on est arrivés, Guillaume avait amené sa guitare, il a commencé à jouer devant Florina et ça l’a assez émerveillée. C’est un des moments où l’on n’a pas besoin de parler, avec des sourires et des regards on communique beaucoup plus.

Des anecdotes? Sur Emmaüs, la Roumanie,…

Salomé : Un soir, on était avec Costel et on discutait […] J’ai voulu demander s’il aimait être au Belvédère et j’avais appris que “iubesc” voulait dire j’aime alors j’ai dit “te iubesc” (ce qui veut dire je t’aime). Costel s’est mis à rire, c’était assez malaisant.

Hélène : Le repas est très différent de chez nous, c’est pour se nourrir et non partager. A Popesti, le repas c’est 5 minutes. Par contre, il y a beaucoup à manger, et ils passent beaucoup de temps en cuisine […]

Aussi, on utilisait une application de traduction pour poser des questions à Costel, mais on n’avait pas réfléchi qu’il allait répondre à l’oral en roumain et qu’on allait rien comprendre !

Clémentine : Il y a aussi la forte différenciation entre Guillaume et nous les filles, c’était attentionné mais c’était bizarre pour nous. […] Et puis les calèches ! Pour nous, c’est de l’ancien temps… et pour Guillaume le futur. Il y a une vraie vie de village, les gens mangent dehors, partent à vélo… C’est dommage, ça s’est perdu en France cette vie de village.

Salomé : Et puis il y a la gentillesse des gens. A Emmaüs bien sûr, mais aussi dans le bus pour venir en Roumanie, tout le monde faisait attention à nous […].

Un mot pour la fin ?

Clémentine : Merci pour l’accueil, pour ces bons moments passés, on en retire une super expérience qu’on va diffuser auprès de tout le monde et en particulier auprès des jeunes avec lesquels on intervient. […]

Guillaume : Et grâce à notre super Clémentine, on a des vidéos tous les 3-4 jours qui sont postées sur Instagram (projet_esarfa), vous pouvez nous suivre. Et surtout, MERCI LA VIE !