Lors du Salon de Sarrebruck, organisé à l’occasion des 40 ans de la communauté de Forbach, nous avons pu parler quelques minutes avec Elli Kreul. Un mois plus tôt, nous nous étions rendus au Salon organisé à l’occasion des 30 ans de sa communauté, mais nous n’avions pas eu le temps de discuter…
Bonjour Elli, dis-nous, après 30 ans d’Emmaüs, que veut dire pour toi la solidarité et l’activité sociale et économique ?
Après 30 ans d’Emmaüs, les valeurs du mouvement sont toujours aussi importantes, ça n’a pas changé. Ce qui a changé, ce sont les expériences qu’on a faites, donc on agit différemment par rapport au projet, on souhaite que ça tienne debout économiquement. De ce point de vue là, la période de crise influence évidemment le travail. Les personnes qui viennent à la salle de vente sont plus dans le besoin qu’avant, elles sont plus hésitantes à dépenser.
Dans le même temps, les ventes baissent, mais le besoin de solidarité augmente. C’est plus important que jamais, en situation de crise, de soutenir ceux dans les autres pays, notamment ceux en situation de guerre et ceux qui les soutiennent à proximité.
Emmaüs a toujours à faire, qu’il y ait moins de crise ou plus de crise, pour les personnes dans le besoin c’est toujours dur.
Est-ce que la situation de guerre est un danger pour Emmaüs, d’un point de vue économique ? Est-ce que ça change la solidarité dont font preuve les clients ?
À Krefeld, on le ressent tout de suite. Les gens achètent moins, ils n’ont pas besoin de meubles, les choses que nous vendons ne sont pas toujours d’usage quotidien, donc ils viennent moins. D’habitude, nous faisons beaucoup de débarras complets sur prestation de service. Ces dernières semaines, c’est très calme, et comme on mise sur cet argent, et bien ça manque. C’est donc compliqué, d’autant plus que l’Allemagne a augmenté le salaire minimum (donc aussi pour les compagnons, ndlr), et on comptait sur ces recettes pour pouvoir tenir et c’est embêtant, quand en situation de crise les gens nous donnent moins de travail à faire et achètent moins, mais il faut toujours faire face. Nous avons eu la grande chance, pendant le Covid, d’avoir eu pas mal de dons, donc on peut tenir un petit moment grâce à ces réserves.
Un mot pour la Roumanie, pour les trois groupes : Târgu Jiu, Satu Mare et Iași ?
D’abord, je dis chapeau pour le travail que vous faites envers l’Ukraine, c’est génial, parce que vous avez votre quotidien, vos problèmes, et ce ne sont pas les mêmes problèmes que nous avons, c’est multiplié, donc chapeau pour ce que vous faites ! Je souhaite que vous continuiez. Je suppose que ce serait bien que vous soyez autonomes économiquement, vis-à-vis des autres groupes, je crois que ça devient un vrai sujet : si vous êtes trop dépendants des transports des communautés de l’Ouest, ça peut vous mettre en difficulté, le prix du carburant augmentant vous risquez de recevoir moins.
Je vous souhaite de tenir le coup et que vous receviez toujours le soutien nécessaire.
Merci Elli !