Rencontre avec Ioana, compagne à Iași
Ioana, compagne à Iași, commence à devenir une véritable globe-trotteuse ! Elle nous raconte ses expériences dans les communautés Emmaüs européennes.
Bonjour, peux-tu te présenter ?
Je suis Ioana, j’ai 28 ans. Oh, je me suis trompée ! J’ai 30 ans.
Je suis du județ (ndlr : département) de Iași. J’ai étudié au lycée Brătianu et à Pașcani. Là-bas, j’étais avec Casian (ndlr : un ancien compagnon d’Emmaus Iasi).
Je suis à Emmaüs depuis… je crois que ça fait 4 ans.
Qu’est ce que tu fais à la communauté Emmaüs ?
La cuisine. Aide-cuisinier. Je nettoie, j’épluche, je coupe, je mets la table.
Tu as été trois mois dans la communauté de Sion, non ?
Oui, j’ai été en Suisse. Ca a été SU-PER ! Super bien ! Très beau, très bien. J’ai travaillé pour les roumains, c’est-à-dire pour notre communauté, j’ai préparé les marchandises (ndlr : les compagnons qui partent trois mois dans la communauté de Sion préparent les camions envoyés à Iasi de la part de la communauté de Sion). Si je n’avais rien à faire pour les roumains, je travaillais pour les suisses. J’allais en donation, en livraison…
Tu aș fait des livraisons ?
Oui !
Tu as parlé français ?
Non.
Non ? Pas du tout ? Pourquoi ?
C’était Sam qui parlait.
Qui est Sam ? Un compagnon ?
Il est de Suisse. Je ne sais pas si c’est un compagnon.
La Suisse m’a beaucoup plu.
Qu’est ce qui t’a plu le plus ?
Tout ! Je ne peux pas comparer, parce que tout était bien. Je ne sais pas quoi dire.
Du début à la fin, ça a été bien ?
Tout a été ok, super bien. En particulier les responsables de là-bas.
Donc, tu as compris un peu de français ?
J’ai un peu compris, oui. J’ai beaucoup apprécié Vincent, le directeur de là-bas, ils m’ont beaucoup plu. Et aussi Robert, Jérémy. Je me suis entendue avec tous. Je n’ai eu de problèmes avec aucun.
Avec qui as-tu été en Suisse ?
Avec Costel (ndlr : un ancien compagnon de Iași).
Comment ça a été avec lui ?
On s’est entendu comme des frères et soeurs. Nous n’avons eu aucun problème.
Et tu t’es promenée, là bas ? Comment c’était, la montagne ?
J’ai été à la montagne. J’y suis allée avec Jérémy : moi, Jérémy, son enfant.
Pourquoi as-tu souhaité partir de Roumanie ?
J’ai voulu voir comment c’était à l’extérieur. J’étais très curieuse.
Quand tu es partie en Suisse, c’était la première fois que tu partais de Roumanie ?
Non, la première fois je suis partie en Angleterre, avec Emmaüs. A Carlton. Là-bas, je suis restée un mois et trois semaines. C’était bien aussi. Et en France, c’était bien. A Paris. J’ai été avec Gelu, Florin, Costel, Clémentine… (ndlr : responsables, compagnon et volontaire de l’équipe d’Emmaüs Iasi). Je suis restée une semaine ou deux, l’année dernière. Dans tous les cas, c’était bien. J’ai vu la Tour Eiffel. Ca m’a beaucoup plu. Ces trois zones m’ont beaucoup plu : Sion, Paris et Carlton.
Qu’est ce que tu as fait en Angleterre ?
En Angleterre j’ai trié les vêtements et les donations. Je triais les vêtements : filles avec filles, garçons avec garçons, vaisselle à la vaisselle. J’étais avec Vasile (ndlr : un compagnon de Iași).
Mais un endroit qui m’a moins plu, ça a été l’Allemagne. Là-bas, je suis tombée malade. Je n’ai pas apprécié la nourriture. Avec la chef, ça a été bien, très bien. Mais j’étais la seule de Iași.
Ca aurait-été bien si tu étais partie avec un autre compagnon.
Oui, c’est mieux comme ça. Quand tu pars seule… c’est très très dur ! Encore plus quand tu ne connais pas la langue.
Tu comprends l’anglais ? Tu as compris la langue, là-bas, à Carlton ?
Non, mais j’avais Vasile là-bas. Lui, il connaissait l’anglais et traduisait.
Et en Suisse ?
En Suisse je comprenais mieux. Je comprends le français. Bon, pas très bien. Je comprends mais je ne sais pas parler.
Et tu veux faire des cours de français ?
J’aimerais en faire, pour apprendre et pouvoir parler quand je partirai à l’étranger.
Bien sûr. Nous pouvons en faire, à présent. Comme ça, quand tu repartiras, tu sauras parler français.
Oui, on peut.
Tu voudrais visiter d’autres pays ?
Je voudrais retourner en Suisse. Et en Angleterre. Mais je veux aller là où j’ai déjà été. J’ai adoré là-bas. Mais la responsable que j’ai connue n’est plus là, en Angleterre.
Et maintenant, quels sont tes projets ?
La cuisine. Et arrêter le Coca-Cola (rires).
Tu as envie de raconter quelque chose à propos de toi ?
Je viens d’une famille où j’ai travaillé comme nounou. Mais ça ne m’a pas plu. Je suis partie de là-bas, et j’ai dormi trois nuits là où j’ai pu. Ensuite je suis venue ici, à Emmaüs.
Comment as-tu connu Emmaüs ?
Par une fille qui a été ici, elle aussi. Quand elle vivait ici, j’étais encore à l’école. Si elle n’avait pas été là, je n’aurais pas connu Emmaüs. J’ai eu de la chance de la connaître. Quand elle a parlé d’Emmaüs (elle est venue nous voir, à l’école), elle m’a raconté, elle a dit du bien d’Emmaüs, que c’était bien ici. Tu ne restes pas par terre, tu as du chauffage tout le temps. Elle m’a raconté tout ça. Elle m’a dit qu’ici, il y avait des gens qui t’aidaient. Et ici, c’est exactement comme elle me l’a raconté. Nous, compagnons, sommes chanceux d’être à Emmaüs. Autrement, s’il n’y avait pas eu Emmaüs, nous serions morts de faim. Et je remercie l’Abbé Pierre, qui a fondé Emmaüs. Et surtout Gelu. Il faut les remercier. Il nous aide autant qu’il peut. Je lui dis merci tout le temps. Je le remercie aussi dans cette interview. Il m’a beaucoup aidée. Il m’a aidé à guérir d’une maladie que j’avais.
Comment as-tu appris à comprendre le français ? Tu as suivi des cours ?
Non ! Des Français sont venus ici. Timothée, Carole (ndlr : jeunes français en service civique d’un an à Emmaüs Iasi), et puis d’autres Français sont venus faire un peu de bénévolat. Ils parlaient français entre eux, et j’écoutais. Et puis il y a eu Clémentine, Clara, Marie. Et maintenant, vous êtes là. Et il y a encore des Français qui viennent.
Tu as déjà été à Popești ?
J’ai été aussi à Popești, mais je n’ai pas pu y rester longtemps, parce que j’avais des problèmes d’oreille. En hiver, je ne peux pas rester là-bas. Il y a beaucoup de vent et il fait froid.
Tu veux ajouter quelque chose ?
Qu’est-ce que je peux dire ? Si on ouvre un sujet, on peut continuer. Je ne sais plus. Je tiens à dire encore une fois aux gens qui nous ont aidé : Gelu, l’Abbé… l’Abbé Pierre. Dans l’ordre : l’Abbé Pierre, Gelu, et les gens exceptionnels qui ont travaillé ici. Je vous remercie vraiment. Chapeau bas, je vous estime beaucoup.