Sammy était volontaire à Emmaüs l’année dernière. Toujours en Roumanie aujourd’hui, nous en avons profité pour l’interviewer car nous n’avions pas eu le temps de le faire à son départ. Il a ainsi eu le temps de prendre du recul sur cette année intense et nous livre son récit ici, en format intitulé “petites histoires”…
Qui es-tu ?
Je m’appelle Sammy, j’ai 26 ans. Mes premières études étaient dans le domaine de l’informatique, donc j’ai fait 4 ans d’études et ensuite je me suis orienté dans du help desk (de l’aide à des personnes pour résoudre des problèmes informatiques). J’effectuais ce travail-là pendant la période du Covid, en 2021, et j’en avais un peu marre d’être toujours derrière des écrans, (…) j’étais pas mal enfermé. Du coup, je me suis demandé comment sortir un peu de ma zone de confort et aller faire un nouveau projet. Pourquoi pas partir à l’étranger, et j’ai pensé au service civique. J’ai regardé beaucoup de missions et j’ai vu la mission à Emmaüs qui m’a plu, en Roumanie, je ne connaissais pas du tout ce pays. (…) Et puis le social, c’est quelque chose qui m’attirait aussi, de pouvoir aider les gens à mon échelle et puis de découvrir des nouvelles activités. Tout était de la découverte pour moi et en même temps j’avais cette idée d’apporter mon aide au niveau informatique pendant le service civique. J’ai pas mal aidé à résoudre certains problèmes informatiques, à faire les interviews, ces choses qui me parlaient plus et à côté il y avait toutes les autres activités : les maraudes, le contact avec les compagnons, le Belvédère, Popesti, plein d’activités qui se greffent.
Raconte-nous ton premier jour ?
Je me suis souvenu que lorsque je suis arrivé à la communauté, j’ai rencontré les premiers compagnons (…) je voyais les gens au compte-goutte. Au niveau des activités, c’était plutôt en mode découverte, en plus il faut savoir que je suis arrivé tout seul, il n’y avait pas d’autres volontaires avec moi, donc ça faisait un peu bizarre au début de découvrir tout cet environnement seul. Il y avait quand même un accompagnement, Leïla qui rassurait.
Raconte-nous ton meilleur souvenir à Emmaüs ?
C’est un souvenir plutôt émouvant. Pendant les maraudes, il y avait un homme qui vivait dans la rue et qui avait été amputé des pieds. Il restait donc assis toute la journée, et nous on lui apportait à manger. On avait trouvé un fauteuil roulant pour lui et j’avais aidé à le mettre sur le fauteuil roulant et pendant 5 minutes il me tenait la main, il ne voulait pas la lâcher, il était super content d’avoir ce fauteuil roulant et moi j’avais les larmes qui montaient aux yeux, et lui aussi. (…) Il a dit « au moins maintenant je vais pouvoir aller faire la manche ». Parfois, on allait le voir, il dormait, il était tout blanc, on aurait dit qu’il était presque mort (…) et dès qu’il a eu ce fauteuil roulant, on voyait qu’il avait repris de la vie parce qu’il pouvait se déplacer, il a prit des couleurs, au sens littéral du terme.
Raconte-nous ton meilleur souvenir de la colocation ?
Ce sont plutôt DES bons moments, tout ce qu’on faisait ensemble, toutes les soirées avec Maureen, Ema et Eva, mes autres colocs. On regardait des films, on faisait la cuisine ensemble, c’est tout ces moments de partage, avec Leïla aussi.
Mais s’il faut choisir un seul moment, c’est quand Florin m’avait donné la recette de la ciorba (soupe en roumain). Je me suis mis à la préparer, je lui ai envoyé une photo à 22h et il est venu la goûter ! Il a beaucoup apprécié et on a traîné comme ça jusqu’à minuit, avec de la soupe et un peu de vin maison. C’était marrant comme soirée.
Raconte-nous ton meilleur souvenir dans ce pays ?
On était partis pour se rencontrer dans la ville de Vatra Dornei avec les volontaires d’Emmaüs Satu Mare (…) pour faire une sorte de réunion-bilan du service civique. On avait fait deux jours de réunion et une journée de ski le samedi. C’était vachement bien.
Raconte-nous ton dernier jour de service civique ?
C’était le jour de mon anniversaire (…) on m’avait préparé un gros gâteau à la crème comme le veut le rituel et il y a tous les compagnons qui chantent joyeux anniversaire, donc c’est super cool. On avait fait un barbecue dans la communauté aussi, c’était génial. Je me souviens que c’était des “au revoir” différents selon les compagnons, il y en a qui étaient plutôt câlins et d’autres plutôt distants, mais ce n’était pas dur.
Que retiendras-tu de ton service civique ?
C’est une super expérience, donc si les gens ont l’occasion de la faire qu’ils la fassent. C’est un bon enrichissement au niveau social. Être en colocation avec deux autres personnes qui font la même chose que soi et qui en plus sont françaises, ça apporte un certain point de repère. Ça permet de partager cette expérience avec des gens qui n’ont pas forcément le même horizon que nous.
Il y a aussi cet échange de compétences avec les compagnons, qui nous permet de les aider à notre échelle (par exemple, j’ai installé un volant de jeux vidéo à un compagnon et il était tout content de jouer à ça !). Et eux peuvent nous aider, par exemple au niveau du bricolage : ce n’est pas quelque chose que je sais faire et notamment au Belvédère il y avait pas mal de tâches qui nous étaient données (…) et Florin nous faisait confiance pour ça.
Petite note: c’est beaucoup plus facile quand on est un mec, malheureusement. Maureen (autre volontaire) s’est battue quelquefois pour faire certaines tâches de bricolage, qu’elle maîtrisait, tandis que moi, bien que je n’ai pas le savoir-faire, on aurait accepté ma proposition sans savoir si je savais le faire ou pas. Et sinon je retiens aussi l’échange avec les compagnons, avec les colocataires, c’est super intéressant, même l’échange avec l’équipe en fait. Par exemple, les moments où on faisait les maraudes dans la voiture avec Dana (assistante sociale) et qu’on parlait un peu de tout et de rien.
En fait il y a plein de missions, c’est ça qui est bien, il n’y a jamais de lassitude pendant le service civique parce que ça change toujours entre les maraudes, le Belvédère, Popesti, la communauté, le magasin aussi, avoir le contact avec les clients, etc.
Ton année en 3 mots ?
Partage : parce qu’on partage tout ensemble, c’est une vie de collectivité, on partage toutes les activités.
Rigolade : je repense à tous ces moments de rire au Belvédère, notamment avec les autres volontaires et Florin.
Festin : on mange bien à la communauté et au Belvédère, et c’est aussi le fait de partager, quand il y a des invités.
…et je voudrai rajouter « Découverte » parce que c’est un point très important aussi, j’ai fait plein de choses que je n’avais jamais faites.