Portrait du mois : Teodora, première compagne d’Emmaüs Iași, (juillet 2019)

Ce mois-ci nous avons reçu la visite de Teodora, salariée responsable d’un magasin dans une communauté d’Emmaüs en France, mais surtout première compagne d’Emmaüs Iași. L’occasion de revenir sur son parcours et sur son expérience dans les débuts d’Emmaüs en tant que compagnon.

Bonjour Teodora, peux-tu te présenter et nous dire comment tu as connu Emmaüs ?

Je m’appelle Teodora. En 1997, j’ai terminé l’école et je suis arrivée dans la rue. J’y suis restée trois ans avant que Juan et plusieurs français achètent la maison Horia (la maison de la communauté, ndlr), où sont les compagnons. La première des compagnes et compagnons, c’était moi. Juan, c’est lui qui est venu nous voir dans la rue, on a passé du temps ensemble, il regardait qui avait la volonté de sortir de la rue. En 2001, j’ai fait un stage en France de trois mois, et en 2005 j’ai connu un garçon, ici en Roumanie. Je me suis mariée, j’ai eu un enfant, j’ai divorcé et je suis maintenant en France, où je travaille à Emmaüs.

Et quel était ton travail dans la communauté de Iași à ses débuts?

Les travaux de la maison, comme les gars. Je ne voulais pas faire à manger, je préférais être avec les gars. Après, ils ont loué un magasin, des camions sont venus avec des choses que l’on pouvait vendre et comme on a fait de l’argent, on a pu acheté le magasin actuel. On a également fait des travaux au magasin et on a aussi acheté un appartement.

Et quel est ton rôle actuellement en France ?

Je suis responsable du magasin de vaisselle. C’est moi qui dirige, je travaille avec quatre bénévoles, c’est moi qui marque les prix… avec les autres évidemment, on travaille ensemble.

Et qu’est-ce que tu pourrais nous dire sur les débuts d’Emmaüs Iași et son évolution ?

Ça a beaucoup évolué ici, on ne reconnaîtrait pas. Ils ont fait une belle maison, il y a de nouveaux compagnons. Nous, les anciens compagnons, on était un peu à la dure. Ça a évolué dans le bon sens, ça se voit qu’il y a des responsables, Florin et Gelu, ça se voit qu’il y en a qui se battent pour qu’on vive mieux, pour que les compagnons voient autre chose. Aujourd’hui, c’est plus flexible : les compagnons peuvent se marier, avoir un enfant et rester dans la communauté, c’est un grand changement. Nous, on est les anciens compagnons : les anciens ils travaillent, ils ont un logement, c’est autre chose pour eux, pour moi aussi. Chaque compagnon qui part laisse la place pour les autres.

Et toi, penses-tu quitter la communauté Emmaüs où tu travailles ?

Si un jour je trouve quelque chose de bien, bien sûr que je partirai, mais j’irai quand même de temps en temps donner un coup de main. Je ne les laisserai pas tomber, parce que eux, ils ont été à côté de moi, alors moi aussi, je suis à côté d’eux. J’ai grandi ici, j’avais 20 ans quand je suis entrée à Emmaüs.

Tu reviens souvent ici à la communauté de Iași ?

Bien sûr, je n’oublie jamais. Les gens d’ici, ce sont mes frères, mes sœurs, c’est comme ma famille.