Ce mois-ci, à l’occasion du Collectif Roumanie qui a eu lieu à Iași, nous avons échangé avec Maryse, élue au Conseil d’Administration d’Emmaüs International. Elle nous explique son parcours au sein du Mouvement Emmaüs.
Qu’est ce que le Collectif Roumanie ?
Le Collectif Roumanie a lieu deux fois par an et réunit des membres des communautés Emmaüs de Roumanie (Iași, Satu Mare et Târgu Jiu), des membres des bureaux d’Emmaüs International et Emmaüs Europe, et des amis d’autres communautés européennes (Angleterre, Suisse). C’est l’occasion de parler du développement et des projets des communautés en Roumanie, mais aussi des problématiques du mouvement Emmaüs à l’échelle européenne et des futurs événements internationaux.
Maryse, depuis combien de temps fais-tu partie du CA d’Emmaüs International ?
Depuis très peu de temps, depuis le mois de septembre 2017.
Peux-tu nous expliquer quel est le rôle d’Emmaüs International dans le Mouvement Emmaüs ?
Je n’ai pas toutes les informations, ce n’est que mon point de vue.
La première chose, c’est qu’Emmaüs International est héritier de l’Abbé Pierre et de tout ce qui a trait à l’Abbé Pierre. C’est pour ça qu’Emmaüs International a une section sur l’histoire de l’Abbé Pierre (www.emmaus-international.org). Il y a aussi actemmaus.org, ce sont de petites vidéos avec plein d’expériences à travers le monde.
Emmaüs International s’est formé au fur et à mesure : après l’Hiver 54 (ndlr : période à laquelle l’Abbé Pierre a initié le mouvement Emmaüs), des pays ont demandé l’aide de l’Abbé Pierre pour soutenir des groupes locaux, qui sont devenus des groupes Emmaüs. C’est une structure pyramidale qui comprend quatre régions : la région Afrique, la région Asie, la région Amérique et la région Europe. Emmaüs International, ce sont donc des groupes locaux qui se sont organisés sur place, mais qui avaient besoin d’une entité plus importante pour pouvoir exister En Europe par exemple, des groupes en Géorgie et en Lettonie, qui ne sont pas encore des groupes Emmaüs, ont fait appel à Emmaüs International pour rejoindre le réseau. Faire partie d’Emmaüs International, c’est une légitimité, c’est une reconnaissance et cela leur permet d’avoir une représentation autre que celle qu’ils ont dans leur pays d’origine. Même en France, il y a des groupes qui partagent les valeurs d’Emmaüs, et ils ont besoin de s’appeler Emmaüs, parce que plus on est nombreux, plus on est forts, l’interpellation peut être plus importante, et leur action sur place peut être décuplée.
Les groupes qui composent Emmaüs International sont totalement divers dans leurs activités ; l’essentiel, c’est qu’ils partagent les valeurs d’Emmaüs.
C’est important de rappeler les combats d’Emmaüs International : les combats autour de l’écologie, autour de la libre-circulation des personnes, et autour d’une justice sociale. Ces combats ne sont pas de vains mots : par exemple, Emmaüs International a mis en place des mutuelles santé dans certains pays d’Afrique ou en Inde, ce n’est pas rien. Chaque groupe, chaque pays amène des expériences intéressantes. Pour prendre l’exemple des chantiers internationaux, l’intérêt c’est de partager des lectures différentes de sujets communs, comme celui de l’agriculture bio pour le chantier de Kudumbam en Inde.
Au sujet de la libre-circulation des personnes, le problème des visas est un vrai problème chez Emmaüs International, puisque même le président actuel, qui vient du Bénin, a des soucis pour voyager, cela a été le cas au Pérou par exemple, il a eu du mal à obtenir un visa.
Peux-tu parler de ton expérience dans le Mouvement, avant Emmaüs International ?
J’étais d’abord une fidèle cliente du magasin Emmaüs de Chalon-sur-Saône (France). Mais c’est vrai qu’en tant que cliente, tu n’as pas forcément idée de ce que sont les valeurs, de ce que fait le Mouvement. Après avoir pris ma retraite, j’ai été bénévole à Emmaüs pour faire du tri. J’aime bien tout ce qui touche à la brocante.
Sur place, il n’y avait pas beaucoup de candidats pour entrer dans le Conseil d’Administration. On m’a donc demandé si je voulais entrer au CA, j’ai dit oui.
Ensuite, le représentant de notre groupe à Emmaüs France a souhaité partir. J’ai pris sa place et là, j’ai découvert l’ampleur et les combats du Mouvement. J’ai été élue dans ce qu’on appelle la “branche 3”, la branche formation et insertion. Ca a été une ouverture extraordinaire, et une rencontre très forte avec de jeunes salariés qui m’ont beaucoup apporté. Ca faisait partie de mes motivations, d’être avec des jeunes. Chez Emmaüs France, j’ai fait partie de deux commissions qui m’intéressaient particulièrement : la solidarité et le suivi des groupes.
J’ai toujours eu des appétences pour tout ce qui se passait à l’international, et pour les voyages. C’est pour ça qu’Emmaüs International m’intéressait, mais jamais je n’aurais eu l’idée de me présenter au CA, au début.
Les dossiers sur lesquels on travaille sont très intéressants. Et puis on sent que ce qu’on fait, ce n’est pas ne rien faire. Les décisions prises en assemblée, on les met en pratique.
Tu viens de participer au Collectif Roumanie à Iasi. Que peux-tu nous en dire ?
C’est le deuxième Collectif Roumanie auquel je participe. J’ai un lien affectif avec la Roumanie. Mais en règle générale, il n’y a pas d’élu d’Emmaüs International qui y participe, ce sont plutôt des salariés, ou des membres de groupes Emmaüs qui ont un lien particulier avec les groupes de Roumanie. Là, je suis venue en tant que membre du groupe Emmaüs de Chalon-sur-Saône.
Maintenant, je vois les choses différemment concernant les camions de donations, je ne mettrais pas forcément les mêmes choses. Il faut faire attention à ce que l’on met dans les camions : par exemple, un groupe en Afrique a reçu des skis… il faut faire en fonction des besoins des communautés.